Finalité
Une bonne compréhension de la structure et du fonctionnement des écosystèmes est une contribution essentielle à l'identification de schémas de gestion durable des écosystèmes tropicaux. Cependant, les scientifiques, les experts et les gestionnaires ne doivent pas oublier que les connaissances et les instruments sont partiels et biaisés, qu'ils se réfèrent à des épistémologies différentes et qu'ils restent parfois discutés dans le cadre de controverses sociotechniques.
Certaines connaissances écologiques restent profondément enracinées dans l'héritage de l'administration coloniale passée ou, plus largement, sont instrumentées par des récits qui promeuvent des projets et des politiques spécifiques. Sans nécessairement contribuer aux ODD, ils jettent un éclairage particulier sur la dégradation de l'environnement et la manière dont elle devrait être traitée, favorisant les intérêts de certains acteurs au détriment d'autres. Cette instrumentation est favorisée par l'ampleur des inconnues et des controverses en écologie tropicale, et plus généralement par le fait que le plus souvent leur cadre épistémologique sous-jacent n'est pas explicité par les écologistes. D'autres savoirs écologiques sont plus réflexifs mais doivent composer avec des savoirs et des pratiques sociales dont l'ontologie n'établit pas de séparation radicale entre nature et culture. Enfin, les connaissances écologiques restent politiques puisque les questions environnementales sont également des conflits sociopolitiques, impliquant différents groupes sociaux en concurrence pour les ressources, ou différents types d'autorités pour la légitimité et le contrôle, posant la question de savoir comment les connaissances devraient être utilisées pour informer la décision ou l'action dans de tels contextes.
Différentes tendances en sciences sociales (par exemple, l'écologie politique, l'anthropologie de la nature, les études sur la science et la technologie) fournissent des cadres théoriques et pratiques pour identifier et analyser les (mauvaises) utilisations de la connaissance scientifique dans les récits individuels, corporatifs ou institutionnels qui influencent la prise de décision pour la gestion de l'environnement, et son rôle dans les controverses socio-techniques et les conflits environnementaux.
Contenu du module
Le module présente aux étudiants certains de ces fondements théoriques et méthodes. Les étudiants les appliquent ensuite à l'analyse critique d'une étude de cas d'écosystème tropical proposée par les étudiants ou par le personnel (les sujets possibles incluent la dégradation des terres et la désertification, l'héritage humain dans les propriétés des forêts tropicales d'aujourd'hui, et les compromis entre la déforestation/afforestation et les services écosystémiques).
Méthodes d'enseignement et d'apprentissage
Cours magistraux (environ 6 heures) et travaux individuels (16 heures) encadrés par le corps enseignant et des experts extérieurs.
Ce module est organisé intégralement en anglais.
Ce module est organisé intégralement en anglais.
Modalités d'évaluation
Evaluation individuelle
Présentation orale, travail écrit
Analyse écrite individuelle et défense orale d'une étude de cas
Présentation orale, travail écrit
Analyse écrite individuelle et défense orale d'une étude de cas
Compétences visées
Les étudiant·e·s auront une vue d'ensemble des différentes origines des limites des récits sur les objets environnementaux, et de la manière dont ces limites peuvent compromettre la gestion durable et équitable des écosystèmes tropicaux. I·e·ls seront en mesure d'analyser de manière critique les publications en écologie tropicale et les récits qui s'en inspirent dans la littérature académique et dans la communication institutionnelle et d'entreprise.
Les participant·e·s seront également initié·e·s à la diversité de la production scientifique dans des situations de gestion des forêts tropicales caractérisées par la coexistence d'un monde social contrasté, d'un pluralisme normatif et d'asymétries de pouvoir.
En outre, les étudiant·e·s seront initiés à plusieurs approches en sciences sociales, qui relient la production et l'utilisation des connaissances écologiques aux questions sociopolitiques et de gestion.
Ainsi, les participant·e·s amélioreront la pertinence sociétale de leurs projets de recherche (y compris leur thèse) et empêcheront, dans une certaine mesure, l'utilisation abusive de leurs travaux de recherche en écologie tropicale par divers décideurs.
Responsable(s)
Enseignant-chercheur en socio-anthropologie
alexandre.gaudin @ agroparistech.fr
Maître de conférence en comptabilités écologiques et gestion de l'environnement
clement.feger @ agroparistech.fr